Attention à l’amibe dévoreuse de cerveau
De quoi s’agit-il?
Le 12 juillet 2019, Eddie Gray, un Américain de 59 ans, meurt brutalement après s’être baigné dans un cours d’eau du parc aquatique du Comté de Cumberland aux Etats Unis. Deux mois plus tard, le 16 septembre 2019, ce fut le tour de Lily Mae Avant, une jeune Américaine de 10 ans, qui s’était baignée dans le fleuve Brazos au Texas (Etats Unis).
Quel est le point commun entre ces deux décès ? Les deux personnes avaient contracté une amibe tristement dénommée « Amibe dévoreuse de cerveau » ou « Amibe mangeuse de cerveau ». En 2012, déjà, cette amibe, de nom scientifique Naegleria fowleri, avait tué dix personnes au Pakistan, dans la ville de Karachi. En 2008, un petit garçon de 9 ans avait connu le même sort, après qu’il eût nagé dans une source d’eau chaude en Guadeloupe.
Des études scientifiques (Schoeman et al., 1993 ; Mansour et al., 1991) ayant déjà signalé des cas similaires sur le continent africain, il convient d’être plus que vigilant.e.s et de prendre des mesures nécessaires pour éviter d’être contaminé.e.s par cet agent pathogène.

       

Mode de contamination
Durant la baignade, l’amibe Naegleria fowleri s’infiltre dans le nez où elle séjourne pendant un certain temps. Ensuite, elle remonte dans les fosses nasales puis s’installe dans le cerveau où elle mange les cellules nerveuses et les globules rouges, provoquant une méningo-encéphalite amibienne primitive (MEAP) foudroyante dont l’issue est souvent fatale. Cette amibe pathogène aime séjourner dans les milieux suivants : eaux sales, polluées, riches en matières organiques, telles que les eaux stagnantes, les marais, les étangs, les eaux de piscines mal traitées, l’eau courante insuffisamment traitée au chlore.

Epidémiologie
A la suite de cas constatés, plusieurs études scientifiques ont identifié la présence de cette amibe dans des lacs, des rivières, des étangs, des bassins d’eau chaude stagnante en Afrique, en Asie, aux Etats-Unis et dans d’autres contrées. Bien qu’elle soit peu fréquente, cette maladie est mortelle dans 95% des cas (sur 310 cas recensés dans le monde, seulement 11 personnes y ont survécu).
Symptômes
Cette pathologie provoque de violentes migraines, des maux de gorge, une obstruction des voies nasales, une forte fièvre suivie de vomissements, un raidissement de la nuque, des confusions, des convulsions et hallucinations. Dans 95 % des cas, les victimes meurent au bout de 15 jours.
Recommandations
  • Aux populations
La prudence est de mise pour les personnes qui souhaitent se baigner dans des cours d’eau dont la température dépasse 25°C. Les enfants étant plus vulnérables à cette amibe, il convient de s’assurer de l’innocuité des eaux dans lesquelles ils se baignent.
  • Aux services sanitaires
Nous proposons l’adoption des trois principales mesures suivantes :
  • Une recherche affinée des facteurs concourant à la multiplication de cette amibe, ce qui permettrait de mettre en place des mesures idoines maîtrisant le risque sanitaire ;
  • Une évaluation des risques liés à la pollution des eaux par Naegleria fowleri ;
  • Une désinfection, systématique et efficace, des eaux courantes. Ce traitement doit recouvrir une stérilisation biologique des eaux par ajout d’une quantité suffisante et appropriée de chlore.
Sources bibliographiques de référence et supports pour aller plus loin
  1. De Jonckheere J.F., Brown S., Dobson P., et (2001). The Amoeba-to-Flagellate Transformation Test is not Reliable for the Diagnosis of the Genus Naegleria. Description of three new Naegleria spp. Protist. ; 152 (2) : 115–121
  2. Gianinazzi C., Schild M., et al. (2009). Potentially human pathogenic Acanthamoeba isolated from a heated indoor swimming pool in Switzerland. Exp. Parasitol. ; 121 (2) : 180-186.
  3. Gornik K., Kuzna-Grygiel W. (2004). Presence of virulent strains of amphizoic amoebae in swimming pools of the city of Szczecin. Ann. Agric. Environ. Med. ; 11 (2) : 233-236.
  4. Gupta N., Bhaskar H., Duggal S. et al. (2009). Primary amoebic meningoencephalitis : First reported case from Rohtak, North India; Braz. J. infec. Dis.; 13 (3) : 236-237.
  5. Gupta S. (1992). Isolation of Naegleria fowleri from pond water in West Bengal, India. Trans R. Soc. Trop. Med. Hyg. ; 86 (1) : 46.
  6. Gustave J., Cassadou S., Nicolas M., et (2010). Bilan des recherches de N. fowleri dans les sites de baignade en eau chaude de Guadeloupe, 2009. Bulletin de veille sanitaire ; 2 : 2
  7. Mansour N.S., Saoud A.F., et (1991). Fresh water amoebae from four aquatic sites in Egypt. J. Egyp. Soc. Parasitol. ; 21 (1) : 15-22
  8. Moussa, M. (2015) : Les amibes libres pathogènes des eaux chaudes de la Guadeloupe, étude écologique, caractérisation moléculaire et prophylaxie des zones de baignade. Thèse de Doctorat, Université des Antilles, 222 pages.
  9. Schoeman C.J., Van der Vyver A.E., Visvesvara G.S. (1993). Primary amoebic meningoencephalitis in southern Africa. J. Infect. ; 26 (2) : 211-214.
  10. Schuster, F. L. (2002). Cultivation of pathogenic and opportunistic free-living amebas. Clinical Microbiology Reviews, 15(3), 342-354.
  11. Waso M., Dobrowsky P. H., Hamilton K.A., Puzon G., Miller H., Khan W., Ahmed W. (2017) : Abundance of Naegleria fowleri in roof-harvested rainwater tank samples from two continents. RESEARCH ARTICLE. Environmental Science and Pollution Research https://doi.org/10.1007/s11356-017-0870-9.

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