La cataracte est un véritable cauchemar qui guette vos yeux si vous ne portez pas des lunettes de soleil. Savez-vous que cette maladie est la première cause de cécité dans le monde et touche 18 millions de personnes ? Savez-vous aussi qu’elle est la cause de 50% des cas de cécité en Afrique et en Asie ? Savez-vous encore qu’une vaste étude de terrain, menée en France (Etude POLA, 2006) a clairement montré des liens directs de causalité entre les rayonnements solaires et l’apparition de la cataracte ? Par conséquent, si vous résidez en Afrique ou dans des localités soumises en permanence à des radiations solaires, savez-vous que vous êtes fortement exposé(e)s aux risques de cette pathologie ? En être conscient(e)s est déjà une bonne chose en soi. Bien comprendre toutes les causes de cette maladie et s’approprier les moyens de prévention, que propose cette fiche, est encore mieux pour s’en protéger !
1 – Qu’est-ce que la cataracte ?
- Définition
La cataracte est une maladie de l’œil qui résulte de l’opacification partielle ou totale du cristallin. En d’autres termes, il s’agit d’une modification de la structure du cristallin qui devient sombre et épais. Cette opacification conduit à une baisse progressive de la vue pouvant aboutir à la cécité.
2 – Clarification des termes connexes
2.1 – Qu’est-ce que le cristallin ?
Le cristallin est une composante de l’œil qui se présente sous la forme d’un disque transparent et flexible. Situé en arrière de la pupille, cette lentille convergente a pour rôle de focaliser (concentrer) les images sur la rétine.
2.2 – Et la rétine ?
La rétine est une membrane neurosensorielle qui reçoit et traite les signaux lumineux reçus, avant de les transmettre au cerveau par le canal du nerf optique (nerf qui relie chaque globe oculaire au cerveau).
3 – Que se passe-t-il lorsque l’œil est touché par la cataracte ?
Dans les conditions normales, le cristallin est transparent. Mais, il devient opaque (sombre et épais) lorsque l’œil est atteint de cataracte (figures 1 et 2). Dans ces circonstances, il ne peut plus capter la lumière et il en découle progressivement une baisse de la vue qui évolue vers la cécité partielle ou totale (l’on perd progressivement la vue pour devenir aveugle).
4 – Un peu d’histoire !
La cataracte n’est pas une maladie d’apparition nouvelle. Elle existait déjà dans l’Antiquité et était connue aussi bien chez les Africains, les Arabes, les Chinois, les Grecs, les Indiens, les Romains que chez les Sumériens (peuple habitant dans la Basse Mésopotamie, en 3 300 avant Jésus-Christ. Cette région correspond à l’actuel Irak).
Le terme cataracte vient du latin. Si le mot est resté le même, du Moyen-Age à nos jours, sa sémantique a subi une transmutation conceptuelle vers la fin du 15ème siècle. En effet, au 14ème siècle, le mot cataracte signifiait « une écluse, une porte qui s’abat », en référence au voile et au brouillard qui assombrissaient la vue de ceux qui en étaient atteints. Au 15ème siècle, son sens est devenu plus « poétique » à la faveur de l’interprétation des Arabes qui trouvaient que l’œil atteint de cataracte ressemblait volontiers à un courant d’eau, d’où son nom de l’ancien grec « katarassō » qui signifiait « répandre ou chute d’eau ». A cette époque, la cataracte était traitée selon la méthode dite de l’« abaissement » qui consistait à introduire dans l’œil du patient, bloqué sur une chaise droite, une aiguille pointue, non stérile, qui faisait éjecter et basculer le cristallin dans le corps vitré en l’absence de toute anesthésie.
Mais, ces méthodes à la hussarde ont vite cédé leur place aux techniques plus raffinées. Ainsi, au 18ème siècle, Jacques Daviel promeut la méthode de l’extraction du cristallin, avec, au passage, l’introduction de l’anesthésie, au 19ème siècle, qui donnait plus de confort au patient. Même si, depuis lors, elle a subi des améliorations, cette technique reste celle qui est pratiquée aujourd’hui par tous les ophtalmologues.
5 – Caractéristiques et épidémiologie
La cataracte touche au moins 18 millions de personnes dans le monde. En Afrique et en Asie, elle constitue la première cause de cécité (50% de cas de cécité) et, en ce sens, représente un problème majeur de santé publique.
6 – Les causes de la cataracte
Il existe essentiellement trois formes de cataracte classées en fonction des facteurs qui les déterminent :
- la cataracte sénile (liée au vieillissement) ;
- la cataracte congénitale ;
- la cataracte traumatique.
6.1 – La cataracte sénile
Il s’agit du cas le plus fréquent. C’est pourquoi, nous avons fait le choix de l’épingler, ici, et d’y axer notre analyse. En effet, d’après l’OMS, c’est sous cette forme que la cataracte est la plus courante et la plus pernicieuse : première cause de cécité dans le monde (48%) avec 18 millions de personnes touchées. Généralement, cette forme apparaît à partir de 65 ans et fait partie du processus de vieillissement cellulaire. Cependant, les populations qui sont en permanence exposées au soleil, et donc aux rayons ultraviolets, peuvent contracter cette maladie dès l’âge de 30 ou 40 ans, voire beaucoup plus précocement.
Les facteurs favorisant la cataracte sénile
Trois principaux éléments expliquent l’apparition de la cataracte sénile : le vieillissement, l’exposition au soleil et l’alimentation. La conjonction des trois facteurs, chez une même personne, multiplie le risque de la maladie.
– Le vieillissement
En règle générale, au fur et à mesure de l’avancée de l’âge, les organes vieillissent. Le cristallin n’échappe pas à cette règle d’obsolescence. Il perd progressivement de sa souplesse, dans un processus irréversible de rigidification et d’opacification lié à un manque de renouvellement de ses protéines de composition. Ce phénomène est souvent observé chez des personnes de plus de 60 ans dans les pays européens ; alors que, dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique et en Asie, la cataracte sénile ravage des catégories plus jeunes qui sont dans la trentaine ou la quarantaine d’âge.
– L’exposition au soleil et les rayons ultraviolets
Une vaste étude de terrain (étude POLA), menée au Sud-Est de la France en 2006, dans le Région Occitanie, a clairement montré que les rayons solaires constituent le principal facteur de risque de la cataracte sénile. En effet, le risque de développer cette forme de cataracte est multiplié par trois chez des personnes vivant dans des pays ensoleillés. Les coupables du spectre lumineux du soleil sont les rayons ultraviolets (UV) qui dégradent et détériorent la vision. Connus comme des ondes les plus énergétiques du rayonnement solaire, les UV suscitent des réactions chimiques qui entraînent une désorganisation et désagrégation de la structure des protéines du cristallin. Il s’ensuit une densification et un épaississement du cristallin qui conduisent à la cécité.
– L’alimentation
La consommation excessive de l’alcool, l’obésité et, son antithèse, la sous-alimentation sont des fardeaux qui viennent alourdir le corpus des risques.
6.2 – La cataracte congénitale
Elle concerne l’enfant (entre 1 et 6 enfant(s) sur 10 000). Deux modalités coexistent :
- dans le cas d’une causalité héréditaire (un tiers des cas) c’est-à-dire en lien avec des gènes défectueux, elle est d’origine génétique ;
- dans le cas d’une causalité infectieuse, elle est la conséquence d’une infection contractée par la mère et transmise au fœtus durant la période de gestation (herpès génital, rubéole, syphilis, toxoplasmose…).
6.3 – La cataracte traumatique
Elle est consécutive à des traumatismes ou des plaies qui altèrent l’œil. Cette forme peut subvenir suite à des gonflements ou des blessures qui endommagent le cristallin.
7 – Les symptômes de la cataracte
Voici quelques signes qui peuvent vous mettre la puce à l’oreille et vous faire suspecter une cataracte :
- Apparition d’une tache concentrique grisâtre ou d’un blanc laiteux dans l’œil ;
- Grande gêne à la vue de la lumière vive, crainte et fuite de la lumière (photophobie) ;
- Mauvaise visibilité des images éloignées (dégradation de la vision lointaine) ;
- Sensation de voile ou de brouillard devant les yeux ;
- Mauvaise perception des couleurs (seuls les tons rouges et orangés sont bien perçus).
8 – Traitement
Le seul traitement connu à ce jour, pour en venir à bout de la cataracte, est la chirurgie. Elle consiste à extraire le cristallin opaque et à le remplacer par un cristallin artificiel. Il n’existe aucune autre alternative pour l’instant ! Dès lors, si vous résidez dans un pays en voie de développement et que vous suspectez la cataracte d’être la cause des tourments de vos yeux, adressez-vous à un ophtalmologue. Evitez, dans la mesure du possible, les petits arrangements avec des charlatans-chirurgiens de villages qui, bien souvent et malheureusement, continuent d’utiliser la technique de l’abaissement datant du Moyen-Age pouvant entraîner de graves infections (aiguille non stérilisée, infection…) et la cécité.
9 – Conseils et moyens de prévention
Au regard de l’ensemble des éléments qui précèdent, il est important que vous soyez attentif(s) au moins sur deux points :
- La protection de vos yeux des rayons solaires ;
- Le contenu de votre assiette.
Comment protéger vos yeux des rayons solaires ?
Si vous résidez sous un ciel fort généreux en rayonnements solaires, procurez-vous, sans tarder, des lunettes de soleil. Choisissez, de préférence, celles qui sont étiquetées UV 400 (avec des verres sombres) ; car elles assurent la meilleure protection en bloquant les UV, même les plus minuscules, qui dénaturent la structure des protéines cristalliniennes. Optez pour des lunettes larges et enveloppantes qui couvrent bien les yeux. Par ailleurs, notez bien que des études ont bien identifié la période de la journée où les yeux sont plus vulnérables aux rayons solaires : entre le milieu de la matinée (aux alentours de 10 heures) et la fin de l’après-midi (vers 17 heures). Par conséquent, veuillez à systématiquement mettre des lunettes de soleil dans ce créneau temporel, à chaque fois que vous vous exposez au soleil.
Comment mettre la santé de vos yeux dans votre assiette ?
Si vous tenez à mettre au menu de votre alimentation la protection de vos cristallins, privilégiez les aliments riches en lutéine et en zéaxanthine. En effet, des études sérieuses ont indiqué que ces deux vitamines sont les seules de la classe des caroténoïdes à avoir une incidence positive réelle sur nos yeux. Elles neutralisent les radicaux libres (molécules chimiques instables produites par l’organisme et responsables du vieillissement des cellules humaines) et empêchent leur formation.
Les aliments riches en lutéine et en zéaxanthine sont les suivants :
- Les légumes verts (brocolis, choux, épinards, salade…) ;
- Les fruits orangés (abricot, mandarine, mangue, melon, nectarine, orange, papaye, potiron…) ;
- L’œuf.
10 – Pour aller plus loin
- Baudouin C., Félix D., Jacopin S. (2008) : Cataracte : guide à l’usage des patients et de leur entourage. Edition Bash ; 2ème édition, collection nouveaux traitements.
- Bokobza Y. (2005) : La nouvelle chirurgie de l’œil : Myopie, Cataracte, Glaucome. Editions Odile Jacob. 304 pages.
- Brown L, Rimm EB, et al. (1999) : « A prospective study of carotenoid intake and risk of cataract extraction in US men ». Am J Clin Nutr. 1999 Oct ;70(4) :517-524.
- Delcourt C., Carriere I., Delage M., Barberger-Gateau P., Schalch W. (2006) : Plasma lutein and zeaxanthin and other carotenoids as modifiable risk factors for age-related maculopathy and cataract : the POLA Study, Investigative Ophtalmology & Visual Science, pages 2329-2335.
- Delcourt C., Carrière I., Ponton-Sanchez A., Lacroux A., Covacho M-J, Papoz L., et (2000) : Light exposure and the risk of cortical, nuclear and posterior subcapsular cataracts : the POLA study, Archives of Ophtalmology, pages 385-392.
- Ferrigno L, Aldigeri R, et al. The Italian-American Cataract Study Group. 25. Associations between plasma levels of vitamins and cataract in the Italian-American Clinical Trial of Nutritional Supplements and Age-Related Cataract (CTNS) : CTNS Report #2. Ophthalmic Epidemiol. 2005 Apr ;12(2) :71-80.
- Hankinson SE, Stampfer MJ, et al. (1992) : « Nutrient intake and cataract extraction in women : a prospective study ». BMJ. Aug 1992 ; 8 ;305(6849) :335-9.
- Hoang-Xuan T. (2011) : La cataracte : quand la diagnostiquer ? Comment la traiter ? Editions Odile Jacob. 176 pages.
- Laroche L, Lebuisson Dan A., Montard M. (1996) : Chirurgie de la cataracte, 1996, Elsevier Masson ; 457 pages.
- Monti M-T (1994) : « La chirurgie de la cataracte. Institutions, techniques et modèles scientifiques de Brisseau à Daviel ». In : Revue d’histoire des sciences, tome 47, n°1, 1994. Pathologie, aspects génétiques. pp. 107-128.
- National Eye Institute : (2015) : Facts About Cataract. National Eye Institute. nei.nih.gov
- OMS (2018) : Prévention de la cécité et des déficiences visuelles. Maladies oculaires prioritaires. http://www.who.int/blindness/causes/priority/fr/index1.html
- OMS (2018) : Cécité : Vision 2020. Initiative mondiale pour l’élimination de la cécité évitable. http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs213/fr/
- Ray, M-C (2014) : Cataracte : causes et traitement. https://www.futura-sciences.com/sante/dossiers/medecine-cataracte-causes-traitement-860/
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