La maladie d’Alzheimer et les syndromes apparentés

La maladie d’Alzheimer et les syndromes apparentés (MASA) constituent l’un des problèmes majeurs de santé publique que l’Europe rencontre depuis que les mutations démographiques, économiques, sanitaires et technologiques ont jeté les bases de leur entrée dans la phase post transitionnelle évolutive.

La maladie d’Alzheimer est une pathologie qui, en termes simples, « ronge et détruit » une partie du cerveau des personnes âgées de 65 ans et plus. C’est l’une des problématiques les plus préoccupantes en France, actuellement, et dans la plupart des autres pays européens.

Pour bien comprendre cette maladie, nous vous la présentons sous forme de QQOQCP (démarche de résolution de problèmes et d’analyse critique constructive), afin que vous ayez une vue schématique, synthétique, claire et concise du sujet en cinq questions précises.

Le QQOQCP de la maladie d’Alzheimer

QUOI ? La maladie d’Alzheimer est une altération chronique d’une partie du cerveau avec pour conséquences une dégradation des capacités intellectuelles et des troubles démentiels. Cette maladie est la forme de démence la plus fréquemment rencontrée (environ 70 % des cas de démence).
QUI ? Les personnes touchées sont essentiellement des personnes âgées d’au moins 65 ans. Moins de 2 % des cas survenant avant cet âge sont essentiellement liés aux formes familiales héréditaires rares. Après 65 ans, la fréquence de la maladie s’élève à 2 à 4 % de la population générale, augmentant rapidement pour atteindre 15 % à 80 ans. Environ 900 000 à un million de personnes souffrent de cette maladie aujourd’hui en France. Elles devraient être 1,3 million en 2020, compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie.

Les femmes sont plus exposées à cette maladie : sur 25 malades, 10 sont des hommes.

OU Principalement dans les pays développés où son incidence augmente de façon vertigineuse. Les projections actuelles avoisinent un doublement du nombre de personnes atteintes par période de 20 ans.
QUAND Lorsque coexistent les deux coupables suivants: le peptide bêta amyloïde et la protéine tau phosphorylée

L’étude du cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer montre l’existence de deux types de lésions qui signent avec certitude le diagnostic de maladie d’Alzheimer: les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. Ces deux types de lésions sont chacune associée à un composé protéique, lui-même associé à la survenue et la progression de la maladie : le peptide bêta amyloïde pour les plaques amyloïdes, et la protéine tau phosphorylée pour les dégénérescences neurofibrillaires.

La protéine bêta amyloïde, naturellement présente dans le cerveau, s’accumule au fur et à mesure des années sous l’influence de différents facteurs génétiques et environnementaux, jusqu’à former des plaques amyloïdes (aussi appelées « plaques séniles »).  Selon l’hypothèse de la « cascade amyloïde », il semblerait que l’accumulation de ce peptide amyloïde induise une toxicité pour les cellules nerveuses, se traduisant par l’augmentation de la phosphorylation d’une protéine de structure des neurones, la protéine tau. Ce phénomène affecterait l’hippocampe, une structure cérébrale qui constitue le siège de la mémoire à court terme. La phosphorylation de la protéine tau entraine une désorganisation de la structure des neurones et une dégénérescence dite « neurofibrillaire » qui entrainera elle-même, à terme, la mort de la cellule nerveuse. La façon dont ces processus pathologiques s’enchainent reste encore à découvrir. Les chercheurs suspectent des phénomènes d’agrégation anormale de ces protéines, qui pourraient ainsi diffuser de cellule en cellule et s’étendre à l’ensemble du cerveau, depuis la région de l’hippocampe jusqu’à l’ensemble du cortex cérébral.

      

COMMENT ? La maladie se manifeste par des troubles. Les perturbations les plus précoces et les plus fréquentes sont des troubles bénins de la mémoire portant sur les faits récents et le plus souvent sur des détails de la vie quotidienne. Il s’ensuit une lente évolution des symptômes qui vont progressivement s’étendre à des troubles de l’organisation et de la programmation (fonctions exécutives), du langage (aphasie), une maladresse gestuelle (apraxie), un défaut de reconnaissance des objets, des lieux, des personnes (agnosie). La maladie s’accompagne également de divers troubles du comportement qui viennent aggraver les troubles cognitifs et peuvent diminuer la tolérance de l’entourage du patient : repli sur soi, apathie, symptômes dépressifs, troubles du sommeil, de l’appétit, agitation, hallucinations… Enfin, des signes neurologiques somatiques apparaissent le plus souvent, entraînant des troubles de l’équilibre, de la marche, et augmentent le risque de chutes. La maladie d’Alzheimer, perçue comme une lente et inexorable dégradation intellectuelle et physique des patients, renvoie une image très négative à la société.
POURQUOI ? La maladie d’Alzheimer est une conséquence de l’allongement de la durée de vie, des progrès de la médecine.

 

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